Interview de Wallen www.musique-rnb.com
Samedi 16 Juillet. Carte de presse autour du cou, je déambule dans l'espace VIP des Francofolies, attendant le début du concert. L'interview, prévue tout d'abord avant le show, a été décalée pour cause de retard dans les répétitions... Je prends mon mal en patience. Après le passage sur scène de Wallen, je cours la rejoindre devant les loges. Quelques dizaines de minutes plus tard et après quelques petits problêmes avec la sécurité, me voici introduit dans les loges. A l'ombre dans celle de Wallen, nous débutons cette interview 
Wallen, nous n'allons pas refaire le coup des présentations, tu n'es pas une inconnue aux yeux du public, focalisons-nous donc sur ton parcours... Depuis combien de temps chantes-tu ? Alors j'ai toujours du mal à répondre à cette question, j'aime chanter depuis toute petite, aussi loin que je me souvienne j'ai toujours chanté ! Mais si tu veux, professionellement, j'ai vraiment songé à vouloir faire de ça mon métier à disons, 15 ans.
D'où justement t'es venue cette passion du chant ? Des disques qui passaient à la maison qui t'ont inspirée ? Papa/Maman qui t'ont poussée à vocaliser ? Non, je crois que ça s'est imposé, comme ça, quelque chose que je porte en moi et que j'ai nourri de pleins de choses qui m'entouraient mais c'est né vraiment de moi.
On sent dans tes textes une grosse influence hip hop, ça se vérifiait plus sur le premier album, donc le rap : ton premier amour ? Comment en-es tu venue au RnB ? Le Hip Hop est vraiment mon Amour, avec un grand A. Après, au sein du mouvement hip hop, j'ai intégré ma particularité, le fait de vouloir chanter...
T'étais attirée par quoi à la base ? L'écriture ? Ouais ! C'est à dire que j'aimais chanter, mais j'étais vraiment attirée par ce côté écriture du rap. C'est vrai que dans les mentalités en règle générale, le RnB reste assez sirupeux, basé vachement sur l'amour, mais moi, ce qui me parlait le plus, c'était vraiment le côté revendicatif, le côté street, social...
Donc moi, on va rentrer dans mon vécu à moi, mais première fois que j't'ai entendue, j'avais acheté 24 Carats (NDLR : compilation de RnB français) en 1998, et je t'ai découvert sur ce disque avec le titre « Je ne pleure pas » produit par Sulee B Wax... C'est un son qui t'a plutôt révélée aux yeux du public underground ou plutôt du grand public ? Oh là oui ça date ! Si tu veux, y'avait pas vraiment de RnB à cette époque, le RnB n'était pas vraiment considéré par le milieu Hip Hop. Et c'est vrai que ma manière d'écrire a amené l'attention sur moi, en tant qu'artiste RnB, mais avec un fond Hip Hop. C'est ce qui m'a vraiment amené sur cette scène Hip Hop et ça m'a apporté le crédit, l'estime de rappeurs ou de producteurs...
T'as attendu 2001 pour ton premier album solo, A force de Vivre. Pourquoi tellement de temps entre cette première expérience en 98, et cet album ? Y'a du temps qui s'est écoulé parce que déjà, artistiquement, je me cherchais, j'estimais que je ne m'étais pas vraiment trouvée, j'étais en « construction ». C'est vrai que pendant cette période là, j'ai vraiment beaucoup travaillé en studio, j'ai fait des maquettes, démarché, avec Sulee B Wax, et mes démarches n'ont pas abouti justement : ce mélange de chant assez doux avec un contenu très profond, très réaliste, n'a pas fait mouche. C'est vrai que ce mélange atypique ne passait pas du tout au niveau des maisons de disques... On a toujours voulu, à la fin des rendez-vous, me faire faire des choses qui finalement ne correspondaient pas à ma personnalité artistique.
D'où peut-être ce premier single, « Celle qui a dit non », en signe de protestation contre ces majors et directeurs de labels ? Voilà.
Déjà, dans ce premier album, tu ne faisais pas dans la facilité, à l'époque le RnB français commençait vraiment à exploser, et toi t'arrives avec ce disque assez sombre, assez direct, on peut parler de griffe Wallen ? Oui ! C'est ma griffe, et je suis vraiment fière, j'ai vraiment travaillé ce style, j'ai pas voulu m'inspirer d'autres artistes français... On peut dire qu'avec Matt, on a peut-être été les pionniers du RnB en France.
Avec d'autres plus anciens comme Hasheem aussi... Ah oui bien sur, j'ai pas voulu manquer de respect face à des gens comme lui ou K-Reen, ils ont fait beaucoup pour nous : mais je dirais que ce phénomène s'est vraiment traduit en ventes de disques. C'est malheureux, mais on existe que par les ventes, faut pas oublier cette réalité-là.
C'est ça qui est intéressant chez toi d'ailleurs, c'est que tes ventes ont pas été provoquées par des chansons faciles, tu t'es imposée avec un premier single quand même assez profond. J'ai vraiment insisté pour que ce soit le premier single, même si le côté « deep » et réaliste est pas le seul côté qui me définisse : j'aime aussi faire des ballades, les chansons d'amour... Mais j'avais vraiment envie de donner le goût de ce que je fais par ce premier single. C'est vrai que la première apparition qu'un artiste fait, c'est celle qui reste, et celle qui détermine tout le reste...
Pendant cette période de sortie de ton premier album, si je ne me trompe pas, ton fils est né. Comment as-tu réussi à concilier cette vie d'artiste et celle de maman ? Bah écoutes, il fallait bien concilier ! Après il a fallu trouver des compromis, si on peut appeler ça des compromis : mon fils est resté ma priorité, même si, j'en ai conscience, ça a peut-être porté préjudice à un moment donné. J'avais besoin de vivre mon rôle de maman à fond, surtout les premiers mois, c'était pas évident. Du coup, j'ai pas fait de tournée.
Mais tu aurais pu en avoir la possibilité d'une tournée en 2001 ? J'aurais pu avoir cette possibilité mais je ne me suis pas battue pour ça. L'un dans l'autre, de toutes les façons, j'étais prise par mon rôle de mère, et je n'étais pas préparée pour la scène, j'avais pas spécialement envie de travailler, enfin, de chanter.
S'ensuit donc un silence de trois ans pour ton deuxième album, Avoir la vie devant soi. Combien de temps t'a mobilisé la préparation de cet album ? En gros un an. Après mes deux premiers singles, ma maison de disque a eu de gros problêmes financiers, assez graves, et si tu veux, j'ai pas voulu quitter le label, puisque par principes tu vois, c'est quand même des personnes qui ont respecté mon travail, qui ont cru en moi au moment ou personne ne croyait en ce que je faisais ! La moindre des choses, c'était quand même de leur rendre ce qu'ils m'avaient donné, donc de rester dans le label, même si y'a plein de majors qui nous ont sauté dessus dès qu'ils ont su qu'on était dans la merde... Voilà, j'ai voulu attendre, et du coup ça a mis deux ans, j'ai du attendre deux bonnes années et après je me suis mise à travailler...
T'as écrit pendant ce temps là ? T'avais déjà des idées en tête, des thèmes ? Oui, mais j'avais pas mal de choses personnelles, de problêmes à régler.
Donc un album qui s'inscrit dans la continuité du premier, avec peut-être des thèmes un peu plus légers, j'pense notamment à « Bouge cette vie » avec Lord Ko, d'ailleurs on te l'a beaucoup reproché à la sortie de l'album, bref. Serais-tu devenue plus joyeuse, plus optimiste musicalement ? Non... En fait, petite parenthèse rapport à « Bouge cette vie », je pense que les gens qui ont critiqué ce morceau, ce sont des gens qui n'ont pas acheté mon premier album, qui ont peut-être acheté mon premier single, mais pas l'album. Le deuxième album est la réelle continuité du premier dans le sens où dans le premier, y'avait aussi des morceaux comme « Les filles qui te veulent », « Mes rêves »... Mais finalement, je suis très heureuse de m'être débarrassée de ce genre de public parce que, j'suis peut-être extrème dans mes propos, mais moi, mon public, je veux que ce soit des gens bien : des gens de coeur. J'aime pas les gens bêtes et méchants pour rien donc je suis très contente que ces gens-là n'aient pas acheté mon album.
Encore une fois un album aux featurings hip hop nombreux : après Abd Al Malik, Shurik'n et Arsenik sur ton premier opus, on a droit à des gens comme AKH, Dany Dan et Lino, des mecs qui ont fait leurs preuves depuis de nombreuses années. Mais toi, as-tu eu à faire tes preuves avec eux ? Ca s'est fait spontanément ? Nan, ça s'est fait spontanément, ils ont répondu à l'appel, et en fait sur chaque morceau je pensais exactement quel rappeur pourrait poser dessus, et du coup je leur ai proposé à chacun de venir.
Donc tu as eu ce soir, et auras encore l'occasion de défendre cet album sur scène, quelles sensation ça te procure tout ça ? Cette petite ambiance intimiste, accoustique que t'as su installer ? Super ! Pour moi c'est vraiment un honneur d'être une chanteuse, de venir avec des vrais musiciens sur une scène quand même rap, faut le dire. Avoir un tel acceuil, un tel respect, une telle écoute, pour moi c'est vraiment la réussite.
Tournons-nous vers l'avenir maintenant... T'as déjà commencé à taffer quelques sons au niveau d'un nouveau projet ? Des thèmes qui te viennent ? Ou te laisses-tu le temps de faire de la scène et uniquement ça ? Je me laisse porter par l'inspiration, tout le temps, le propre de l'inspiration c'est qu'elle te traverse... J'ai toujours un petit calepin où je note des idées. J'suis toujours en train de travailler, toujours en train de créer, j'ai la tête toute pleine de musique et de paroles, donc c'est régulier.
Une travailleuse la Wallen ! (rires) Une passionée surtout, des travailleurs y'en a beaucoup, des passionés c'est déjà plus rare.
Au niveau de l'inspiration, bon c'est connu, on sait qu'Aaliyah t'inspire énormément, y'a t-il d'autres artistes qui ont compté et qui comptent de cette façon pour toi ? De cette façon, non. Aaliyah a une place vraiment particulière pour moi, bon ok dans le coeur de pas mal de gens, mais surtout depuis son décès je trouve : je tiens quand même à le dire, j'étais là bien bien avant, avant qu'elle meure. Tu vois par contre, ça c'est une petite parenthèse, des gens qui ont pu me reprocher « Bouge cette vie » sont peut-être hyper fan d'Aaliyah, mais au niveau de l'image, elle était quand même bien plus sexy que moi, enfin bref, c'est vraiment un problême de mentalité en France, par rapport à l'image.
On vous reproche aussi de pas mal copier les USA aussi, mais bon... Au niveau du RnB Français, qui respectes-tu le plus dans le milieu ? Enfin RnB, Soul, Nu Soul, Funk, ce que tu veux ! Les gens que t'aimes bien quoi. A moins que comme Kayna Samet, tu n'écoutes pas beaucoup de sons français ? Bah je dirais Kayna en fait.
Elle a dit la même chose (rires) ! Wallen, on va finir cette entrevue sur un truc un peu plus ludique, un portrait chinois, vite fait ! Ok !
Si t'étais un CD ? Dr Dre – The Chronic
Une ville ? New York.
Un film ? Coup de foudre à NY.
Une chanson ? Ta chanson phare, que tu pourrais chanter dans ta douche des milliers de fois sans t'en lasser... Umh... Le gospel que chante Lauryn Hill dans Sister Act 2.
Un instrument ? Violon.
Interview réalisée par Dj Nuckles
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